Le défi d’allier le métier d’équicoach à celui de moniteur

 

Jérôme Kimmel, équicoach certifié IFIE, formateur et moniteur d’équitation, partage son parcours ainsi que ses réflexions sur la relation cavalier-cheval. Il revient sur les défis liés à la formation des moniteurs à cette approche subtile et complémentaire qu’est l’équicoaching.

Rencontre avec Jérôme Kimmel

Un parcours riche et atypique

D’abord cavalier de saut d’obstacles, Jérôme Kimmel s’est progressivement orienté vers le travail à pied avec les chevaux, avant de se former en équicoaching à l’IFIE en 2019 (formation 256, promo 9). Il est également moniteur d’équitation diplômé (BPJEPS) et a enseigné en club.

Son parcours atypique, de ses premières expériences en compétition jusqu’à ses découvertes sur la nature particulière du lien qui nous unit aux chevaux, lui a permis « de toucher du doigt cet endroit où la monte devient un consentement mutuel entre le cavalier et le cheval ». Jérôme Kimmel transmet une approche basée sur un respect et une compréhension réciproque.

Former des moniteurs à l’équicoaching : une démarche ambitieuse

En tant que formateur en équicoaching, Jérôme a conduit cette année une formation composée de quatre modules à destination de moniteurs d’équitation. « Ce fut une magnifique expérience, à la fois sur le plan humain et professionnel. »
Au fil des sessions, il s’aperçoit que ces professionnels sont à la fois très curieux de découvrir de nouveaux outils pour enrichir leur pratique mais également déstabilisés par le changement de posture.
En effet, là où l’enseignement classique repose sur la transmission directe de savoirs et de consignes, l’équicoaching invite à un positionnement radicalement différent : plus d’écoute, de questionnement, de place laissée au ressenti du cavalier. « Les moniteurs souhaitant se former à l’équicoaching doivent donc switcher d’un accompagnement assez directif à une posture neutre avec des questions ouvertes. Ce n’est pas évident, ce changement de posture nécessite de déconstruire certains réflexes bien ancrés. »

L’idée de cette formation auprès des moniteurs est aussi d’apporter des explications compréhensibles rationnellement sur des phénomènes souvent perçus intuitivement. Une manière de mettre des mots sur l’invisible, de construire des ponts entre l’intuition du terrain et la compréhension plus fine des mécanismes à l’œuvre dans la relation cavalier-cheval.

L’importance du ressenti 

Pour Jérôme Kimmel, le fait d’introduire l’équicoaching dans le monde de l’équitation permet de développer le ressenti : « Un cavalier doit être dans le feeling, pas dans une approche mécanique ». Jérôme souligne que le cheval agit comme une caisse de résonance des émotions du cavalier, amplifiant et reflétant ces ressentis. « Un moniteur formé à l’équicoaching pourra tout à fait accompagner un cavalier coupé de son corps ou bloqué mentalement », ajoute-t-il. Ce travail met en lumière la dimension émotionnelle souvent sous-estimée dans la relation cavalier-cheval.

Retours et enseignements des moniteurs

Les moniteurs formés à l’équicoaching par Jérôme ont exprimé des retours d’expérience très positifs : « Un cavalier pro a redécouvert le bonheur d’être avec les chevaux et la raison d’avoir choisi ce métier ». Ils ont aussi pris conscience des capacités apaisantes du cheval et de l’importance d’une présence attentive.

La sensibilité au non-verbal est également un apprentissage clé : « Les chevaux perçoivent notre état intérieur avec justesse, les enseignements « classiques » en équitation ne poussent pas toujours cette conscience aussi loin ».

Équicoach, un rôle complémentaire mais distinct du moniteur

Jérôme Kimmel insiste sur l’importance de bien identifier à qui s’adresser selon les problématiques rencontrées par le cavalier — moniteur, équicoach — afin d’assurer un accompagnement juste et adapté. Tous les moniteurs ne peuvent ni ne souhaitent se former à l’équicoaching, et c’est précisément pour cela qu’il appelle à une meilleure synergie entre les professionnels.

Selon lui, équicoachs et moniteurs peuvent agir en complémentarité, notamment lorsqu’il s’agit d’accompagner les cavaliers sur des aspects émotionnels ou relationnels. Un partenariat plus fluide entre ces métiers permettrait de proposer des suivis plus riches, à la fois techniques et humains. À l’heure où la relation cavalier-cheval se redéfinit, l’alliance entre moniteurs et équicoachs pourrait bien écrire un nouveau chapitre

 

Article I.C